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Ils devaient croire qu'on ne les voyait pas ; lui, cet homme d'âge mûr bedonnant qui ne portait qu'une serviette blanche autour des hanches et des sandales en cuir aux pieds, déroulait lentement le sari pistache strié de fils d'or d'une frêle jeune femme au visage impassible et à la longue chevelure noire. Son regard se perdait dans le vague, seul son bindi collé entre les yeux possédait une fixité scrutatrice. Ils étaient debout. Je les observais, la salle dans laquelle je me trouvais s'était évaporée comme par magie. J'étais assise à même le sol froid et craquelé, dans un coin, à côté d'une porte entrebâillée. Je n'entendais plus les musiciens que j'étais venue écouter, sitar et tabla n'étaient qu'un bruit sourd, le singe attaché à une chaîne, qui jouait et dansait, une forme indistincte. Seules les silhouettes de ces corps souples et luisants attiraient mon attention. Cette main masculine surtout, qui se posait entre les cuisses rondes et pleines de la femme à la poitrine tatouée de henné, son poignet souple aussi, massant l'entrejambe. Ils respiraient lentement, intensément, comme s'ils pratiquaient la méditation.
suite...
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